Du bien et du mal, qui peut dire ?
La Source n'est pas à mon sens ce qui génère tout ce qui apparait-disparait, mais EST ce courant d'apparition en continuum...
Cette Apparence est la Totalité d'une interdépendance de causes insaisissable à l'entendement, voilà pourquoi il n'est ni Bien ni Mal en essence ni en substance, sauf si un voile vient temporairement opacifier la claire Apparence par une réification de la réalité (un arrêt 'sur' ou 'pour' ), ce qui ne sera bien entendu au fond ni bien, ni mal...
Voici une histoire que racontait Lao Tseu (publiée par Osho) :
Un pauvre chinois suscitait la jalousie des plus riches du pays parce qu'il possédait un cheval blanc extraordinaire. Chaque fois qu'on lui proposait une fortune pour l'animal, le vieillard répondait :
- ce cheval est beaucoup plus qu'un animal pour moi, c'est un ami, je ne peux pas le vendre.
Un jour le cheval disparut. Les voisins se rassemblés devant l'étable vide donnèrent leur opinion :
- pauvre idiot, il était prévisible qu'on te volerait cette bête. Pourquoi ne l'as-tu pas vendue ? Quel malheur !
Le paysan se montra plus circonspect :
- N'exagérons rien, dit-il. Disons que le cheval ne se trouve plus dans l'étable. C'est un fait. Tout le reste n'est qu'une appréciation de votre part. Comment savoir si c'est un bonheur ou un malheur ? Nous ne connaissons qu'un fragment de l'histoire. Qui sait ce qu'il adviendra ?
Les gens se moquèrent du vieil homme. Ils le considéraient depuis longtemps comme un simple d'esprit. Quinze jours plus tard, le cheval blanc revient. Il n'avait pas été volé, il s'était tout simplement mis au vert et ramenait une douzaine de chevaux sauvages de son escapade. Les villageois s'attroupèrent de nouveau :
- Tu avais raison, ce n'était pas un malheur, mais une bénédiction.
- Je n'irais pas jusque là, dit le paysan. Contentons-nous de dire que le cheval blanc est revenu. Comment savoir si c'est une chance ou une malchance ? Ce n'est qu'un épisode. Peut-on connaître le contenu d'un livre en ne lisant qu'une phrase ?
Les villageois se dispersèrent, convaincus que le vieil homme déraisonnait. Recevoir douze chevaux était indubitablement un cadeau du ciel, qui pourrait le nier ?
Le fils du paysan entreprit le dressage des chevaux sauvages. L'un d'eux le jeta par terre et le pietina. Les villageois vinrent une fois de plus donner leur avis :
- Pauvre ami, tu avais raison, ces chevaux sauvages ne t'ont pas porté chance. Voici que ton fils est estropié. Qui donc t'aidera dans tes vieux jours ? Tu es vraiment à plaindre.
- Voyons, rétorqua le paysan, n'allez pas si vite. Mon fils a perdu l'usage de ses jambes, c'est tout. Qui dira ce que cela nous aura apporté ? La vie se présente par petits bouts, nul ne peut prétendre de l'avenir.
Quelque temps plus tard, la guerre éclata et tous les jeunes du village furent enrôlés dans l'armée, sauf l'invalide.
- Vieil homme, se lamentèrent les villageois, tu avais raison, ton fils ne peut plus marcher, mais il reste aupres de toi tandis que nos fils vont se faire tuer.
- Je vous en prie, répondit le paysan hâtivement. Vos jeunes sont enrôlés dans l'armée, le mien reste à la maison, c'est tout ce que nous puissions dire...